Il fait parfois très froid…
Textes tirés de
"Recueil de données statistiques relatives à la climatologie de la
France" de J. Sanson, 1945
763-764.
Hiver
très rigoureux au cours duquel la mer fut gelée sur nos côtes. Dans l'intérieur de la Gaule, des froids
extraordinaires furent signalés du début
d'octobre 763 à la fin de février
764.
En
certaines contrées de notre pays, il serait tombé, au dire des historiens,
jusqu'à 10 m de neige.
821-822.
Tous
les fleuves d'Europe, en particulier la Seine, l'Elbe et le Danube furent pris
par les glaces pendant plus d'un mois. "Les plus grandes rivières de la Gaule et de la Germanie furent
tellement glacées que, pendant l'espace
de trente jours et davantage, on y passait par dessus à cheval et avec des charrettes".
1073-1074.
Fortes
gelées du début de novembre jusqu'au 15 avril, accompagnées d'un vent de Nord
violent et desséchant. "Les moulins ne pouvant fonctionner par suite de la
prise des fleuves et rivières, l'armée d'Henry IV, empereur d'Allemagne, souffrit
cruellement du manque de farine et, par suite de pain."
1114-1115.
Hiver
terrible en Bretagne de même qu'en Angleterre. "La mer gela dans la Manche
à quelque distance des côtes, et les pierres les plus grosses se fendirent avec
éclat."
1124-1125.
Froids
extraordinaires avec chutes de neige abondantes en France,
Allemagne et Italie. "Dans les rivières, la glace était si épaisse
et si solide qu'elle supportait les voitures chargées ; les chevaux circulaient
sur le Rhin comme sur la terre ferme. Ces intempéries se prolongèrent tellement
que les arbres ne prirent leurs feuilles qu'en mai."
1218-1219.
Dans
le centre de la France, l'hiver fut si rude et si long que par trois fois la
Loire, la Seine et la Vienne se trouvèrent suffisamment gelées pour qu'elles
puissent être traversées sur la glace."
1233-1234.
Hiver
très rigoureux dans l'extrême Est de la France et en Italie. Le Rhône et le lac
de Zurich furent congelés. Des voitures chargées purent arriver de la terre
ferme jusqu'à Venise en passant sur la glace.
1235-1236.
Toutes
les rivières furent prises par la glace, dont la débâcle entraîna la chute des
ponts de Saumur et de Tours.
1302-1303.
En
décembre 1302, froids exceptionnels dans l'Est et le sud-Est du pays, surtout vifs du 26 décembre au 6
janvier. Le Doubs, le Rhin et le Rhône furent gelés."En leurs lits, on
trouvait mort les gens par angoisse de froid."
1315-1316.
L'hiver
se montra si rigoureux en France, en Allemagne et en Angleterre, depuis le
début de décembre 1315 jusqu'à Pâques 1316, qu'il provoqua une famine générale.
"On était obligé, lit-on dans l'Histoire d'Angleterre de Rapin de Thoyras,
de cacher les enfants avec un soin extrême, si on ne voulait les exposer à être
dérobés pour servir d'aliments aux larrons."
1324-1325.
Hiver
très rigoureux dans le Nord de la France. La Seine gela deux fois, et au cours
de la débâcle, les ponts de bois de Paris furent emportés.
1363-1364.
Dans
le centre et le midi de la France, l'hiver fut très long et ne se termina qu'à
la fin de mars : à Paris, on compta 14 semaines consécutives de fortes gelées
durant lesquelles le sol resta couvert de
neige. Le lac de Zurich, le Rhône et le Rhin furent gelés jusqu'à une
grande profondeur. La Loire étant gelée "la ville de Tours employa 38
hommes pour rompre les glaces de la Loire afin d'empêcher les assiégeants de
passer."
1407-1408.
En
Angleterre, en Allemagne et en France, cet hiver fut un des plus rudes du Moyen
Age, et il occasionna la destruction d'un nombre considérable d'arbres fruitiers
et de vignes. Il se prolongea du 10 novembre au 31 janvier et du 15 février au
10 avril. On lit dans les Registres du Parlement : "La St Martin dernière
passée, il y eu une telle froidure que nul ne pouvait besogner. Le greffier
même, bien qu'il eût près de lui du feu en une pellette pour empêcher l'encre
de son cornet de geler, voyait l'encre se geler en sa plume de trois mots en
trois mots, et tant que enregistrer ne pouvait".
Par
ailleurs Félibien écrit : "tous les annalistes de ce temps là ont pris soin de remarquer que cet hiver fut
le plus cruel qui eut été depuis plus de 500 ans. Il fut si long qu'il dura
depuis la St Martin jusqu'à la fin de janvier et si âpre que les racines des
vignes et des arbres fruitiers gelèrent.
Toutes les rivières étaient gelées et les voitures passaient sur celle de Seine
à Paris. On y souffrait une grande nécessité de bois et de pain, tous les
moulins de la rivière étant arrêtés et l'on serait mort de faim dans la ville
sans quelques farines qui y furent apportées des pays voisins." A Paris,
durant 66 jours les gelées atteignirent une intensité exceptionnelle : "Le
dimanche après l'Epiphanie les gens allèrent ribber et chouller en traversant
la Seine d'un côté à l'autre."
1419-1420.
Hiver
rude en France avec beaucoup de neige. Les loups pénétraient jusque dans les
faubourgs de la capitale, qui se trouvait alors aux mains des Anglais.
1434-1435.
Hiver
très long, appelé en Angleterre la grande gelée car il s'y prolongea du 24
novembre au 10 février : "Dans le Nord, il neigea près de 40 jours
consécutifs, la nuit comme le jour". De nombreux lacs et fleuves furent
gelés. Les plus lourdes voitures traversèrent la Seine à Paris et la Moselle à
Metz. "L'eau qui écoulait des linges mouillés placés devant le feu
pour sécher gelait en tombant."
1442-1443.
C'est
surtout dans le Midi que cet hiver fut remarquable. "Les rivières du pays de Gascogne, du Languedoc et
du Quercy gelèrent si fort que nul ne pouvait y aller ni à pied ni à cheval par
suite des neiges qui étaient chutes sur la terre." Les chroniques de
l'époque relatent qu'en cette année 1442 "la reine de France, Marie
d'Anjou, épouse du roi Charles VII, étant
en la ville de Carcassonne, y fut assiégée par les neiges hautes de plus
de 6 pieds par les rues et fallut qu'elle s'y tint l'espace de trois mois,
jusqu'à ce que M. le Dauphin, son fils,
vint la quérir et la conduisit à Montauban où était le roi son père." De
son côté, en effet, Charles VII avait été contraint à passer l'hiver à
Montauban, depuis Noël 1442 jusqu'à la fin de février 1443, sans pouvoir, en
raison des rigueurs de la saison, sortir de la ville.
1480-1481.
L'hiver
fut très froid et très long, car il se prolongea pendant plus de 6 mois. La
Seine, l'Oise, la Marne et l'Yonne furent gelées. En Bretagne, des gelées d'une
exceptionnelle intensité se produisirent de Noël 1480 à la fin de février 1481.
Les vignes périrent en grand nombre dans l'Est : dans certaines contrées,
"on coupait le vin avec la hache et la cognée et on le vendait au poids".
1507-1508.
Hiver
rigoureux dans le Midi. Le jour de l'Epiphanie, il tomba à Marseille près d'un
mètre de neige (3 pieds).
1534-1535.
L'hiver
fut rude dans le Massif Central. "Le Lot gela en janvier et on pouvait le
traverser sans danger."
1543-1544.
"L'hiver
fut si rigoureux en Bretagne que la plupart des plantes gelèrent jusqu'à la
racine." Dans le Nord du pays, le froid fut si vif en décembre et au début
de janvier qu'il fallait couper le vin dans les muids à coup de hache et le vendre au poids.
1552-1553.
L'hiver
fut dur dans le Nord et l'Est. Lors du siège de Metz par Charles Quint, on fut
obligé de couper les jambes à de nombreux soldats transis par le froid.
1564-1565.
A
Paris, les grands froids durèrent de la fin de décembre 1564 jusqu'au 20 mars 1565. Sur la Somme gelée,
"on établit des loges où il se
vendait des vivres comme en plein marché". En Provence, les
oliviers périrent en grand nombre et, à
Arles, le Rhône fut pris dans toute sa largeur.
Partout la neige tomba en abondance, en particulier dans l'Aude où les
chutes se prolongèrent pendant plus de 8 jours et dans la Vendée où par places
son épaisseur atteignit 6 pieds.
1568-1569.
En
décembre 1568, toutes les rivières de France furent prises par les glaces. Le froid reprit ensuite en
février mars et avril. En Vendée, les rigueurs de cet hiver s'y firent sentir
"de Noël 1568 à la St Vincent
1569". Devant Bordeaux "la mer gela et la glace y était de la
hauteur d'un homme". En Provence, de nombreux figuiers et oliviers furent
tués par ces gelées. Le 19 décembre, les rigueurs de l'hiver obligèrent le duc
d'Anjou à abandonner le siège de Loudun.
1570-1571.
L'hiver
fut si rude de la fin de novembre 1570 à la fin de février 1571 que, pendant ces trois mois, les
rivières restèrent suffisamment gelées pour supporter tous les charrois : le 10
mars, la Meuse et le Rhin étaient encore pris. Un grand nombre d'arbres
fruitiers furent détruits par ces
froids, même dans le Languedoc.
1594-1595.
Hiver
rigoureux du début décembre jusqu'à la mi-janvier. Le froid reprit le 13 avril avec une intensité aussi
grande qu'en décembre, ce qui occasionna à Paris beaucoup de morts subites,
principalement chez les femmes et les petits enfants : à cette même date, de
nombreuses hirondelles tombèrent mortes de froid. Toutes les rivières de
l'Europe occidentale et centrale, de même que les lagunes de Venise, furent
prises fortement.
1607-1608.
Appelé
longtemps le grand hiver, car de la mi décembre 1607 jusqu'à la mi mars 1608
les rigueurs d'un froid intense se firent sentir sur toute l'Europe
septentrionale et occidentale. Le Rhin fut pris depuis son embouchure jusqu'en amont de Cologne.
"Devant Anvers, l'Escaut gela si fort que l'on y bâtit dessus plusieurs
tentes et pavillons où s'y vendaient toutes sortes de victuailles : les
habitants d'Anvers y menaient banqueter leur femme et leurs enfants." Le 10
janvier, le vin gela dans le calice à l'église Saint André des Arts de Paris,
et écrit l'Estoile, "il fallut chercher un réchaud pour le fondre".
En Champagne, "le vin gelait sur les tables, quelles que proches du feu
qu'elles fussent". Dans l'Est, de nombreux voyageurs périrent dans les
neiges.
1615-1616.
En
cet hiver, le roi Louis XIII revenait de Bordeaux où son mariage avait été
célébré et se rendait à Paris avec sa nouvelle épouse. L'intensité du froid fut
telle que, dans le régiment des Gardes composé de 3000 hommes formant l'escorte royale, plus de
1000 périrent au cours du voyage : aussi
la Cour dut-elle s'arrêter à Tours, car, dit le Mercure Français, "le
froid fit mourir tant de valets et serviteurs des princes et seigneurs qu'ils
furent contraints, étant à Tours, de faire maison neuve". Des historiens
rapportent qu'en certains lieux de la Sarthe, l'épaisseur de la couche de neige
atteignait la hauteur d'un homme. A Paris, la Seine fut gelée du 1er au 30
janvier, et, lors de la débâcle, un côté du Pont Saint Michel se trouva renversé.
1620-1621.
Hiver
très long, avec gelées particulièrement rudes de la fin de janvier à la fin de
février. En ce dernier mois, la mer fut par les glaces à Dunkerque. Le port de
Calais fut gelé, de même que l'Escaut. Les froids furent également très vifs en
Provence, et les glaces des lagunes de
l'Adriatique emprisonnèrent la flotte vénitienne.
1640-1641.
Dans
le Massif Central, cet hiver "le plus terrible qui ait été de la
souvenance des vivants" se prolongea du début d'octobre jusqu'au mois de
mai.
1657-1658.
Les
rigueurs de cet hiver se firent sentir dans toute l'Europe. A Paris, le mois de
janvier et le début de février 1658 furent extrêmement froids et la Seine fut
gelée du 1er au 21 février. Dans le Massif Central, "il y eu si grand
froids que de mémoire d'homme on ne vit tant de glace dans le Lot". Cet au
cours de cet hiver que Charles X, roi de Suède, fit traverser le Petit Belt sur
la glace par toute son armée, y compris le cavalerie, l'artillerie, les
caissons...
1659-1660.
Il
y eut deux séries de très fortes gelées, la première de Noël à la mi-janvier et
la seconde en février. "Cette froidure surpassa, non seulement celle du
grand hiver 1607-1608, mais aussi l'industrie et l'expérience des plus grands éventreurs,
puisqu'elle purifia le butin et les maisons des pestiférés de la ville
incomparablement mieux qu'ils ne l'avaient fait avec leurs feux et leurs
parfums". Le Rhône fut gelé.
1676-1677.
A
Paris, la Seine resta gelée du 9 décembre au 13 janvier, soit 35 jours
consécutifs. Pendant 3 semaines de ces deux mêmes mois, on traversait, en
Belgique, la Meuse sur la glace.
1683-1684.
Des
froids rigoureux se firent sentir, surtout au mois de janvier 1684. Le long des
côtes de 'Angleterre, de Hollande et de France, la mer fut gelée sur une
étendue de plusieurs milles au point que, pendant plusieurs semaines, aucun
bateau ne pu sortir des ports ou y rentrer : sur la Tamise même, qui resta
gelée du 23 décembre au 7 février, on installa une foire qui pu subsister
pendant une quinzaine. D'après les écrivains du temps, le tiers des campagnes
voisines de Tours mourut de faim au cours de cet hiver.
Dans
le Midi, il tomba des quantités de neige extraordinaires.
1708-1709.
"Le
lundi 7 janvier 1709, lit-on dans une chronique de l'époque, commença une gelée
qui fut ce jour-là la plus rude et la plus difficile à souffrir : elle dura
jusqu'au 3 ou 4 février. Pendant ce temps là, il vint de la neige d'environ un
demi pied de haut : cette neige était fort fine et se fondait difficilement.
Quelques jours après qu'elle fût tombée, il fit un vent fort froid d'entre bise
et galerne qui la ramassa sur les lieux bas, ils découvrirent les blés qui
gelèrent presque tous". Les céréales manquèrent, en effet, dans la plus
grande partie de la France, et il n'y eu guère qu'en Normandie, dans le Perche
et sur les côtes de Bretagne qu'on pu juste récolter la quantité de grain
nécessaire pour assurer les semences ; aussi dans la région parisienne le prix
du pain atteignit-il, en juin 1709, 35 sous les neuf livres au lieu de 7 sous,
prix ordinaire. De nombreux arbres furent gelés jusqu'à l'aubier, et la vigne
disparut de plusieurs régions de la France. Du 10 au 21 janvier, la température
sous abri se maintint à Paris aux environs de -20°C, avec des minima absolus de
-23.1°C les 13 et 14 janvier ; le 11, le thermomètre s'abaissa jusqu'à -16.1°C
à Montpellier et -17.5°C à Marseille.
L'hiver
de 1709 fit ressentir ses effets sur une grande partie de l'Europe. L'Ebre, la
Garonne, le Rhône et la Meuse gelés, mais la Seine resta libre ; au début
d'avril, la Baltique était encore couverte de glaces. Aux dires de Réaumur et
de Lavoisier, on n'avait jamais encore observé en France de froids aussi
rigoureux que ceux de 1709.
1715-1716.
Hiver
froid et très neigeux du 20 décembre au 31 janvier. A Paris, -20°C le 22
janvier. En Savoie la neige avait 20 pieds d'épaisseur : il en était de même en
Alsace.
1728-1729.
Hiver
long et rude, en particulier du 24 décembre au 22 janvier et du début mars à la
mi-avril. En Poitou, l'encre gelait dans les plumes, même dans les pièces
chauffées. En Provence, les oliviers périrent. A Paris, le thermomètre
s'abaissa jusqu'à -15°C. Le mois d'avril fut marqué par de fortes chutes de
neige.
1739-1740.
"Le
nom d'année du grand hiver est devenu propre à 1709, écrivait Réaumur dans les
Mémoires de l'Académie des Sciences ; celui de l'année du long hiver est dû à
aussi bon titre à 1740". En France la saison froide dura du mois d'octobre
1739 jusqu'à mars 1740 ; à Paris on compta pendant ce temps 75 jours de gelées
dont 22 consécutifs. Les gelées de 1740 furent moins rigoureuses que celles de
1709, mais la neige tomba en beaucoup plus grande abondance en janvier et
février. Grâce à cette dernière circonstance, les blés se trouvèrent protégés
et au début de juin ils présentaient une magnifique apparence. Malheureusement
la récolte fut compromise par les froids pluvieux de l'été 1740, qui présenta
une température si basse qu'on pu écrire que dans la région parisienne "il
avait gelé en 1740 pendant tous les mois de l'année".
1775-1776.
Très
rude dans le Nord, cette saison ne présenta par contre aucune anomalie
remarquable dans le Centre et le Midi. D'après la description d'un
contemporain, "l'embouchure de la Seine sur une largeur de plus de 8000
mètres, se montra, dès le 29 janvier 1776 et les jours suivants, toute couverte
de glaces, ainsi que cette partie de la mer comprise entre la baie de Caen et
le Cap de la Hève, en sorte que du Havre, la mer paraissait couverte de glace
jusqu'à l'horizon ; cette glace était rompue par le flux et le reflux, ce qui
donnait à notre mer l'apparence de la Baltique". Les fortes gelées
commencèrent en France dans la nuit du 8 au 9 janvier et durèrent jusqu'au
début de février. A Paris, la Seine fut entièrement gelée du 25 janvier au 6
février. Le minimum absolu de température atteignit -17.2°C le 29 janvier à
Paris et -22.5°C à Nancy le 1er février, mais la couche de neige,
qui dépassait 4 pouces d'épaisseur, permit à de nombreux végétaux de résister à
ces gelées exceptionnelles.
1783-1784.
C'est
surtout dans le Nord de la France que cet hiver fit sentir ses rigueurs depuis le début de novembre
jusqu'en avril, et la neige y tomba avec une telle abondance entre le 26 décembre
et le 17 février que la circulation fut fréquemment interrompue. Le 30 décembre
1783, le minimum thermométrique à Paris s'abaissa jusqu'à -19.1°C et dans la capitale
on enregistra 69 jours de gelée consécutifs. La terre fut gelée jusqu'à 65 cm
de profondeur.
1788-1789.
L'Europe
entière subit les rigueurs de ce remarquable hiver, principalement de la fin de novembre 1788 à
la mi-janvier 1789. A Paris, où la Seine resta gelée du 26 novembre au 20
janvier, on compta cinquante six jours de gelée consécutifs avec un minimum
absolu de -21.8°C le 31décembre 1788. Le Rhône fut pris à Lyon, la Garonne à
Toulouse, de même que le Rhin, la Tamise et le lac Léman. La masse des glaces
intercepta les communications entre Calais et Douvres et les navires se
trouvèrent bloqués dans les ports de la Manche : on traversait à pied et à
cheval le port d'Ostende. A Marseille, les bords du bassin étaient couverts de
glace. Au moment du dégel, les blés apparurent très verts et très propres, car
la neige qui avait été très abondante les avait protégés et les mauvaises
herbes s'étaient trouvées en grande partie détruites.
1794-1795.
Deux
périodes de gelée intense : la première de la mi-décembre à la fin de janvier
et la seconde de la mi-février à la fin de mars. A Paris, il y eut
quarante-deux jours de gelée consécutifs et la Seine fut gelée du 25 décembre
au 28 janvier : le 23 janvier le thermomètre descendit à -23.5°C. C'est au
cours de cet hiver que la cavalerie de Pichegru s'empara de la flotte
hollandaise bloquée par les glaces dans le Zuydersée." Le Zuydersée était
gelé, raconte Thiers ; nos escadrons traversèrent au galop ces plaines de
glace, et l'on vit des hussards et des artilleurs à cheval sommer comme une
place forte ces vaisseaux devenus immobiles et qui se rendirent à ces
assaillants d'une espèce si nouvelle".